FermerAttention : je ne m'attribue aucun mérite particulier dans la rédaction de ces articles. Je ne suis pas historien, et je ne suis jamais allé à Okinawa. Ces articles sont simplement le fruit de plusieurs années de lecture de différents ouvrages, que je souhaite partager avec le plus grand nombre. Si vous constatez des erreurs, ou si vous pensez qu'un complément serait important, je vous invite à me contacter pour me faire part de ces modifications.
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Karate-sources

L'entraînement personnel

A l'époque, Maïtre Funakoshi préconisait un entraînement quotidien pour pouvoir progresser. Il indiquait déja que nos vies étaient bien remplies et proposait alors de fractionner les entraînements avec un rythme par exemple de 30 minutes le matin, 30 minutes le midi et 30 minutes le soir. Bien que nous sommes peut-être nombreux à souhaiter avoir ce rythme, il n'est pas évident de pouvoir de dégager du temps quotidiennement pour l'entraînement. Par ailleurs, j'ai connu des pratiquants me disant qu'ils n'arrivaient pas à s'entraîner seuls, car ils n'arrivaient pas à se concevoir un programme adapté.

Je suis pourtant convaincu que l'entraînement quotidien et personnel est la clé d'une progression maîtrisée. D'une part parce que l'entraînement personnel, sans professeur oblige le pratiquant à se poser des questions sur son niveau, sa pratique, ses défauts, et lui permet de travailler à son rythme les corrections personalisées dont il a besoin. Lors des entraînements collectifs, nous apprenons de notre professeur, mais le cours est donné pour tout le monde. Il n'est pas question de s'arrêter sur les défauts individuels de chacun avec des exercices spécifiques. Le pratiquant qui ne s'entraîne pas seul n'est donc pas en capacité de s'améliorer visiblement sur ses défauts.

La seconde raison est que l'entraînement personnel permet de renforcer ses bases. Dans la culture orientale on vous fait travailler encore et encore le même mouvement sans vous expliquer concrêtement le pourquoi du comment, dans le but de vous faire découvrir cela par vous même, au travers de la pratique. En occident c'est un peu le contraire. Le pratiquant veut savoir le pourquoi du comment pour pouvoir exécuter le mouvement au mieux dès le départ. On pourrait discuter du bien fondé de l'une ou l'autre des méthodes, mais ce qui m'interesse ici c'est de mettre en lumière que la méthode occidentale ne met pas l'accent sur la répétition de la technique. On va expliquer comment effectuer telle ou telle technique, la travailler quelques fois en kihon puis considérer qu'elle est "acquise" et l'intégrer à son panel technique. Or c'est surement faux pour la plupart d'entre nous. L'entraînement personnel est alors un moment privilégié pour revoir ses techniques de base tranquilement pour les travailler séparément. De nombreux détails précis sont accumulés dans chque exécution, et seul un travail de répétion méticuleux peut ancrer cela dans la mémoire musculaire du pratiquant.

Evidement cela ne résoud pas le problème du temps à accorder à l'entraînement personnel. D'autant que pour une pratique sécurisée, il faut inclure un échauffement et des étirements, et qu'a la fin il faudra surement prendre une douche avant de retourner en société ! Chacun fait alors avec le le temps dont il dispose. Même un entraînement d'une demie-heure par semaine permet déjà de renforcer ses bases.

Il existe également une autre façon de s'entraîner. Celle-ci n'est pas physique, mais mentale. La répétition des katas dans sa tête, la réflexion sur l'efficacité ou l'opportunité de telle ou telle technique, le travail respiratoire, l'ancrage au sol, la lecture d'articles ou de témoignages sur votre art martial, tout ceci contribue à faire de vous un pratiquant investi, avec une vraie implication dans votre discipline.

Pour ceux qui peuvent se dégager du temps, il reste le problème du programme. Quoi travailler ? Quand on s'entraîne seul, il n'est pas possible par définition d'effectuer des Kumité. Mais il y a beaucoup de modules que vous pouvez travailler :

Le kihon : c'est le travail des bases. Ici, on cherchera le travail des techniques individuelles en priorité. Les enchaînements de techniques sont plus délicats, car ils nécessitent de concevoir cet enchaînement et donc de réfléchir pendant la pratique. Le simple travail des bases individuelles peut largement suffire. On peut les travailler en Hachiji-dachi pour se concentrer sur la technique elle-même et l'action des hanches, puis intégrer le même travail avec des positions et des déplacements différents. A chaque fois, il faudra vérifier les critères d'efficacité.
Les katas : à l'époque de Maître Funakoshi, le Karaté n'était travaillé que par les Katas. Je pense que c'est donc un élément essentiel. Le travail des Katas peut s'effectuer même dans un petit espace avec un peu d'adaptation (on effecutera tous les déplacement en restant sur place par exemple).
La musculation : la pratique des arts martiaux permet un développement musculaire harmonieux. Pour aller au delà de ce stade, il faut un entraînement de musculation spécifique. Cela peut se pratiquer simplement (pompes, abdos, utilisation d'haltères...) ou selon des méthodes plus traditionnelles : le hojo undo. Ce sont des séries d'exercices destinés à renforcer la musculature du pratiquant aux endroits utiles pour la pratique. On utilise alors une série d'instruments spécifiques, héritées des temps anciens, et réalisables à moindre frais : le Chiishi (bâton avec un poids accroché à une extrémité), le Nigiri game (sorte de jarre que l'on porte avec l'extrémité de doigts), le Kongoken (sorte de grand rectangle lesté que l'on manipule dans tous les sens), le Ishisashi (sorte d'haltère avec une poignée que l'on peut attraper avec les mains ou des pieds)... Tous ces instruments sont associés à une gestuelle permettant au pratiquant de développer les muscles en rapport avec sa pratique.
Le renforcement du corps : il n'est pas évident pour tout le monde de pouvoir pratiquer le renforcement du corps, mais pour ceux qui en ont la possibilité, je pense que c'est une étape importante pour se rendre compte de ce que c'est de frapper dans une surface dure avec différentes parties de son corps.
Les étirements : le moment ou le corps est bien chaud (après la pratique) est le meilleur moment pour travailler les étirements. L'ensemble des muscles a travaillé et ils sont prêts à se faire étirer. Quelques étirements un peu appuyés en fin de scéance seront bénéfiques pour gagner en souplesse.

Pour le pratiquant, chaque scéance pourra être préparée en piochant dans ces modules et en se fixant des objectifs.

En bref
Je pense que l'entraînement personnel est une des clés pour une bonne progression. Le seul entraînement au dojo ne permettra pas au pratiquant d'approfondir sa pratique, et ne lui fera pas se poser les questions qui lui permettront de continuer sa progression au fil du temps.

Plus de renseignements sur le Hojo-undo via le site Gojuryu.be

Des exercices d'Hojo-undo