Je vous souhaite bonne lecture !
Progresser dans la voie
On dit du Karaté que c'est un art martial. Le côté martial est assez évident, mais qu'en est-il de "l'art" ? Faisons un parallèle avec un artiste-peintre. Celui-ci dispose d'outils (les pinceaux, les brosses, les pigments colorés) et de techniques (les différentes façons d'étaler la peinture sur une toile par exemple). En créant une oeuvre, il va au-delà de la technique en associant celles-ci en un tout cohérent permettant de transcrire une idée qu'il a en tête.
Si l'on veut faire la même analyse avec le Karaté, on pourra dire qu'il faudra au pratiquant utiliser sa technique au sein d'un ensemble cohérent, visant à transcrire l'idée qu'il a en tête. L'oeuvre visée sera vraisemblablement la réponse à une technique d'attaque. Sur une attaque Chudan zuki, comment vais-je réagir ? Comment ma technique va-t-elle me permettre de répondre, et quel type de réponse vais-je considérer comme correcte ?
Chacun peut avoir des objectifs propres. Le débutant pourra considérer que son but est de dévier l'attaque. Le pratiquant plus avancé pourra vouloir y inclure une réponse frappée. D'autres voudront y inclure des projections ou des clés, d'autres se créer des opportunités de frappes létales. Chacun peut se fixer des objectifs propres.
Pour moi, ce qui compte, c'est que le pratiquant soit acteur de sa progression. Certains professeurs montrent des enchaînements précis qu'il faut apprendre et savoir utiliser le temps du cours. Ces enchaînements sont très souvent oubliés dès le cours suivant, car ils correspondent à une situation précise, plus qu'a un principe général que l'on souhaite travailler. C'est ainsi que de nombreux pratiquants se limitent fréquemment aux réponses les plus élémentaires lors des Kumité conventionnels. Blocage + gyaku zuki.
Je pense au contraire que pour progresser dans la voie, il est important de montrer aux pratiquants les clés de l'utilisation des nombreuses techniques du Karaté. La diversité de celles-ci n'est pas là uniquement pour faire joli dans un passage de grade. L'ensemble des parties du corps peuvent être utilisées dans des techniques en fonction de l'objectif à atteindre. On n'utilisera pas un Haïto de la même façon qu'un Hiraken. On n'utilisera pas un Nakadaken pour frapper au hasard sur un adversaire, ou un Yoko empi avec un adversaire en face.
Chaque technique doit être étudiée pour en comprendre l'essence. Cette étude permettra au pratiquant de comprendre l'utilité de la technique en fonction de la situation, mais aussi de la mettre en pratique dans une série d'exercices mettant en situation l'utilisation pertinente de celle-ci. Le travail du Yoko empi permettra au pratiquant de comprendre qu'il doit se tenir sur le côté de son adversaire, et il faudra donc le mettre dans une telle situation. L'utilisation de Hiraken doit être montrée dans une situation ou cette frappe est utile, c'est-à-dire dans une situation où cette forme de percussion permet de toucher un point vital adapté mieux que n'importe quelle autre technique. L'étude de Ushiro geri doit se faire avec un adversaire dans le dos et non avec un adversaire de face en effectuant une rotation qui pourrait d'ailleurs exposer les points sensibles du pratiquant, et le placer dans une situation plus délicate qu'auparavant.
Soyez des moteurs ! |
Votre professeur doit être celui qui vous montre le chemin et non celui à qui vous devez ressembler. Le but de l'enseignement est de faire de ses élèves de meilleurs pratiquants que le professeur. Cela signifie qu'en tant que pratiquant, vous ne pouvez pas tout faire reposer sur le professeur. Vous devez être les moteurs de votre propre progression et chercher à comprendre l'essence de l'enseignement dispensé. |
Au fur et à mesure de vos entraînements, vous serez donc en mesure de progresser dans "l'art" martial en disposant de vos propres réponses et de vos propres enchaînements visant votre propre but. Le meilleur outil pour mettre en pratique cela est Ippon gumite. La pratique à chaque séance de cet exercice permettra aux pratiquants de progresser dans la voie, mieux que par la simple répétition d'enchaînements aussi vite appris qu'oubliés.